
Kagame, le nouvel ami encombrant du Président Macron
La vérité d’un homme ne se montre parfois qu’aux initiés qui connaissent la portée de certains gestes. L’engouement récent d’Emmanuel Macron pour un personnage aussi trouble que le président du Rwanda, Paul Kagame, détonne singulièrement par rapport à l’image de modéré, libéral, défenseur des droits de l’homme qu’il se donne par ailleurs.
Les évènements qui se sont produits au Rwanda depuis 1990 sont mal connus des Français lesquels, non sans un zeste de racisme, trouvent normal que les Africains se massacrent entre eux et ne se préoccupent pas de rechercher qui est responsable de quoi.
Qui est Kagame ?
La meilleure manière d’appréhender en termes simples les évènements du Rwanda est de se référer à Aristote :
« Dans les oligarchies, c’est la masse des citoyens qui se soulève, comme étant victimes d’une injustice du fait que leur part n’est pas égale à celle des autres, dont ils se considèrent pourtant les égaux, alors que dans les démocraties, au contraire, ce sont les notables qui se révoltent, parce que leur part est seulement égale aux autres alors qu’ils ne se considèrent pas comme leurs égaux. » (Politique V,3).
Une fois la capitale Kigali prise, cette armée partit très vite au Congo voisin à la poursuite des houtous en fuite, qualifiés, de « génocidaires » - même les enfants pas encore nés au moment des faits ! Selon le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations-Unies[3], ces opérations de représailles ont entrainé la mort de 4 millions de personnes, rwandais houtous réfugiés ou congolais, non seulement dans la province frontalière du Kivu mais dans tout le Congo ex-belge. Les troubles qui se produisent aujourd’hui au Kasaï en sont la suite.
Kagame a certes sauvé du massacre une petite partie ses congénères tutsis encore en vie à l’intérieur du Rwanda, la seule chose que retient la communauté internationale dûment désinformée. Il n’en porte pas moins une responsabilité écrasante pour l’ensemble de la tragédie : en envahissant le pays sans aucune légitimité autre que d’appartenir à l’ancienne élite, ce qui est la cause première de tous les évènements, en massacrant les houtous au fur et à mesure de son avancée dans le pays, en abattant l’avion des deux présidents, attentat qui a déclenché les premiers massacres et en opérant des massacres de représailles bien plus graves encore au Congo.
On peut dire que Paul Kagame est au total le responsable direct ou indirect de la mort de près de 5 millions de personnes.

« Poignez vilain, il vous oindra »

Comment ne pas être confondu devant tant de servilité vis-à-vis d’un roitelet africain qui aurait dû depuis longtemps être traduit devant la Cour pénale internationale ?

Il est vrai aussi que Kagame est un grand corrupteur connaissant les moyens de s’acheter les soutiens inattendus : si le Rwanda, surpeuplé, n’a guère de ressources, il contrôle désormais le Kivu, province voisine du Congo d’une fabuleuse richesse en métaux rares.
Nicolas Sarkozy était allé jusqu’ à visiter le Rwanda de Kagame, y compris le musée dénonçant les prétendus crimes de la France[4]. Mais son ignorance des questions africaines, dont avait témoigné son ridicule discours de Dakar, pouvait passer pour une excuse.
Hollande, seul, n’est pas tombé dans le piège : bien informé, lui, il a ignoré Kagame pendant cinq ans.

Qu’est-ce qui motive Macron dans cette affaire scabreuse ? L’ignorance ? On a du mal à le croire. L’obéissance aveugle à l’ordre occidental dont Kagame est, depuis le début (comme lui), le poulain et dont il adopte les yeux fermés la version tronquée des faits ? Le souci de flatter un personnage désormais influent en Afrique ? Ou bien quelque fascination plus secrète qui témoignerait du côté sombre du président français ?
Kagame, grâce au soutien des puissants de ce monde, est aujourd’hui à son zénith. Il n’est pas sûr qu’il gagne à se trouver ainsi exposé, ses soutiens non plus.
Roland HUREAUX
[1] Nous avons volontairement francisé l’écriture de ces noms.
[2] Notamment ses proches d’alors devenus dissidents , du moins ceux qui n’ont pas été assassinés pour les empêcher de témoigner.
[3] http://cec.rwanda.free.fr/documents/doc/rapportONU/DRC_MAPPING_REPORT_FINAL_FR.pdf
[4] Il est possible que cette visite humiliante, qui lui avait fait perdre le soutien de l’armée, ait contribué à lui coûter sa réélection.
The Truth can be buried and stomped into the ground where none can see, yet eventually it will, like a seed, break through the surface once again far more potent than ever, and Nothing can stop it. Truth can be suppressed for a "time", yet It cannot be destroyed. ==> Wolverine
No comments:
Post a Comment